La curiosité est un vilain défaut... [Hisaé] [SN - ARCHIVE]

Shibuya, un quartier qui était constamment animé. Un quartier nippon surtout. Cela faisait un bien fou d'être de retour sur ses terres natales. Aux États-Unis les façons de vivre étaient radicalement divergentes, bon certes, avec quelques brefs points communs, mais la différence était en majeure partie présente. Le dépaysement, c'est ce qu'Akira ressentit lorsqu'il y avait trouvé refuge, mais il s'y fit durant son séjour, et désormais, il utiliserait les connaissances acquises là-bas pour l'inspiration qu'il faisait ressortir à travers ses écrits. Mieux valait rendre tout ceci utile plutôt que s'apitoyer futilement dessus. D'ailleurs, c'est exactement ce à quoi il s'adonnait sur le champ. Assis sur un banc aux environs de la tour 109, il griffonnait quelques mots sur son calepin, des idées qui lui traversaient la tête et qu'il retranscrivait donc par écrits ou par croquis. Malgré la foule inlassable et persistante, il arrivait à faire le vide autour de lui pour le plus grand bien de sa concentration. Éviter de perdre une seule miette était important, car tous les détails comptaient.

Plus loin, un groupe de quatre jeunes filles sortait tout juste d’une boutique de prêt à porter. Elles avaient chacune tout un tas de sacs accrochés à leurs bras et riaient de leurs voix aigues. Elles donnaient l’impression d’être des bimbos d’un certain genre, tout de suite, elles se postèrent sur une table pour montrer leurs fabuleux achats. Des filles au sens propre du terme, c’est ce que pensait Akira en les observant pendant cet instant. Le hic, c’est qu’il les entendait d’ici, elles devaient parler tellement fort, qu’il n’osait même pas imaginer l’effet de se retrouver juste à leurs côtés. Une vieille dame vint prendre place sur le banc, tous les autres étant occupés. Elle échangea quelques formalités accoutumées avec le jeune écrivain, puis ce dernier reporta son attention vers le groupe féminin, qu’il trouvait trop bruyant à son goût, sans compter le brouhaha que faisaient déjà la foule et les véhicules. Enfin…C’était ainsi, vivre en société, et il devait s’y faire.

-Hé, m’sieur…

Un gamin vêtu de manière sportive, c’est-à-dire habillé d’un short noir, d’un T-shirt à manches courtes et de couleur jaune, des baskets blanches aux pieds, ainsi qu’une casquette retournée arborant l’ocre, vint donc aborder notre ami, le sourire ouvert par la curiosité de ses pensées. Akira interrogea le petit du regard, qui pointa les quatre jeunes filles du doigt avant de lâcher :

-Vous avez flashé sur une de ces filles ?

Le jeune homme fut surpris de la question, mais n’en laissa rien paraître pour autant. Devant ce silence, le gamin continua sur sa lancée :

-Vous avez flashé sur ma grande sœur, hein, dites !

Un air plus dur se dessina sur le visage d’Akira, ce gosse avait tout faux, mais il semblait persuadé. En jetant un coup d’œil à la dame du troisième âge, celle-ci haussa les sourcils comme pour exprimer une certaine envie de savoir qui était dans le vrai, et qui était dans le faux. C’est pas vrai, tous ces gens curieux bon sang… Après avoir poussé un long soupir, notre écrivain se releva alors, son calepin encore en main et s’adressa calmement à l’enfant :

-Mêle-toi de tes affaires, petit. Je ne faisais que réfléchir.

Oubliant soudainement le sujet premier qui l’avait mené à aborder Akira, le gamin, qui avait l’air de déborder d’énergie sauta à son bras, dans le but d’atteindre le support sur lequel il écrivait.

-Faites voir monsieur, qu’est-ce que vous faites ?

Mais qu’est-ce que…Ce garçon était vraiment sans gêne ! Akira le mobilisa en l’attrapant par les épaules avant de dire de manière posée :

-Je te le répète, ça ne te regarde pas.

-Mais m’sieur-…

-Où sont tes parents ?

-Il est avec moi, jeune homme. lâcha finalement la vieille dame de sa voix usée, le sourire aux lèvres. La situation l'amusait, elle aimait le côté casse-cou de son petit-fils.

-...Je vois.

C’est à ce moment-là qu’une feuille, qui avait précédemment été arrachée, se laissa porter par le vent, échappant ainsi aux mains de mister Sakurai. Le petit garçon balança un « Bougez pas, je vais la chercher. » puis il s’élança dans sa course après le bout de papier. Akira n’avait même pas eu le temps de faire quoi que ce soit, le gamin était déjà dans son trip. En vérité, il courait après un dessin. Un dessin que notre adepte de l'écriture avait fait lorsqu'il entra pour la première fois au cœur de Frénésis, en créant son avatar. Que pouvait-il bien faire, à part attendre que cet enfant, agité mais fort serviable, revienne avec son bien ?

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