“La fin de l’espoir est le commencement de la mort…”
Ce n’était guère agréable de devoir accoucher alors que la guerre régnait dans le quartier. En effet, nous retournons 22 ans plus tôt, en Amérique du Nord, dans la ville de New York plus précisément dans le Bronx. C’était une belle ville pourtant New York, la capitale du monde moderne pendant très longtemps. Mais maintenant… Ce n’était plus qu’un vaste champ de ruine et alors que la petite fille ouvrait les yeux, des balles sifflaient dans tous sens. Sa mère ? Une adolescente âgée d’à peine seize ans… C’était la réalité de la rue. Loin des clichés politiques que l’on tenait de véhiculer au travers le monde. Le Bronx, ce n’était que meurtre, gang, viol et drogue. Ô joie du monde moderne n’est ce pas ?
Les premières heures de ce petit enfant furent difficiles, abandonnée dans une maison déserte, vouée à la mort, elle hurlait à plein poumon, une rage folle dans les tripes. Ce n’était qu’un bébé mais dans ses yeux argentés, dans ses yeux brillaient la flamme de la vie, du combat. Elle voulait voir ce monde, elle voulait se battre. Ses petits membres bougeaient d’une envie irrépressible de pouvoir explorer la vie, de la croquer à plein dent !
Mais… Mais personne ne venaient, le bébé avait cessé de hurler, il pleurait silencieusement de faim, de soif et de solitude. Il allait être surement dévoré par un chien errant s’il laissait la Faucheuse prendre sa toute nouvelle vie. Cependant, il arrive qu’un évènement fort inattendu se produise. Rare et précieux, on pourrait considérer cela comme le fruit du hasard ou une intervention divine…
Un vieil homme passa par la demeure délabrée pour trouver un toit pour la nuit et quelle ne fut pas sa surprise en voyant un tout petit être posé sur une couverture sale, de grands et profonds yeux argentés rivés sur lui. Il fut d’abord touché par cette vision, touché et étrangement troublé. Ce petit ange semblait vouloir vivre, bien plus que le commun des mortels ! Il s’approcha, crasseux et maladroit mais avec tendresse et précaution. Le clochard prit l’enfant dans ses bras, souriant d’une mâchoire édentée et mit la fillette dans une couverture, la plus chaude et propre qu’il avait. À cet instant, il fut l’homme le plus heureux du monde. La raison ? La fillette lui avait sourit. Un magnifique sourire, rare et précieux, un cadeau des Dieux.
Un an puis deux passèrent. La fillette fut nommée Calypso par son père adoptif. Ils vivaient au jour le jour, le clochard apprenant tout ce qu’il savait à son enfant. Et il en savait des choses ! Il avait été un éminent scientifique mais s’était retiré de sa profession en voyant la débauche dans laquelle le monde sombrait. Ils étaient bien ensemble, l’enfant était son rayon de soleil, le clochard était un père aimant, affectueux et parfait. Rapidement, la petite apprit à parler. Elle était intelligente ! Et d’une rare curiosité en prime. Voulant tout savoir sur tout, elle ne se lassait pas de poser des questions parfois idiotes mais souvent judicieuses.
À quatre ans, elle avait le niveau scolaire d’une fillette de six ans. Elle savait lire, écrire et compter. Ils changeaient d’endroit de jour en jour, allant au gré de leurs envies. Calypso voulait voir le monde. Haute comme trois pommes, elle voulait aller partout ! C’était une vraie pile électrique ! Elle riait, jouait, elle était si heureuse avec son pôpa comme elle disait ! Elle ne voyait pas la vie autrement. Elle aimait le vieil homme et s’épanouissait pleinement. Mais. Mais c’était trop beau, une fillette ne pouvait décemment pas vivre dans la rue malgré le fait qu’elle soit heureuse…
Une femme d’une quarantaine d’années croisa le chemin de ce duo étrange. Calypso avait sept ans tout rond. Elle se souviendra toujours du regard si haineux que cette inconnue lança à son père. Comme si ce dernier était un pestiféré ! Elle hurla même à cette prétentieuse d’arrêter. Elle aurait dus se taire. La vieille bique était une femme spécialisée dans les orphelinats et l’enfance. Elle fut surprise de la réaction de ce bout de chou aux yeux sublimes et aux cheveux chatains coupés à la garçonne. La police fut appelée et l’enfant kidnappée. Elle avait beau hurler, protester et son père argumenter, rien n’y faisait. Et lorsqu’on la mis dans une voiture, elle vit le clochard frapper l’un des policiers avant de recevoir une balle en plein cœur. Calypso hurla, griffa telle une diablesse, mais… Elle pleurait et voir son père la fixer avec un air si triste en tombant au sol la marqua à vie.
La fillette fut conduite dans un orphelinat. Tant d’enfant si tristes et elle. Elle ne parlait plus, planifiant sa vengeance du haut de ses sept ans. Elle dut attendre ses douze ans, 5 ans durant lesquelles elle servait de souffre douleur aux plus vieux, de boniche et j’en passe. Cependant, à 12 ans, elle fut adoptée par un homme étrange et japonais. Elle dût déménager mais, avant, elle fugua par une nuit d’hiver glacée. Elle parcourut prêt de 5 kilomètres à pied avant de retrouver la vieille bique qui était maintenant en fauteuil roulant. Elle n’eut même pas à se forcer la petite Calypso. Elle prit une corde qui retenait un rideau et étrangla la femme de ses maigres forces. Premier meurtre. Ceci-fait, l’enfant rentra à l’hôtel tranquillement et partit en direction du Japon. Tokyo, j’arrive !
Elle ressemblait à une enfant sauvage. Son père adoptif tentait parfois de l’approcher mais, elle était bien trop méfiante notre petite Calypso et elle avait bien raison. Tellement raison…
Un an était passé, elle avait reprit une scolarité tout à fait normale, bien que deux classes voir trois au dessus du niveau de son âge. Elle était discrète Calypso, douce et gentille. Invisible presque. Cependant, chaque soir, le japonais se faisait plus pressant, plus envieux de ses formes. Il avait fait condamner sa chambre et l’obligeait à dormir avec lui. Calypso sentait que cela allait bientôt dégénérer. Mais, elle n’avait guère le choix, non ? Son père lui manquait tellement.
Il faisait tellement chaud aujourd’hui que le sport avait été annulé et les élèves devaient rentrer deux heures plus tôt. Calypso n’en avait pas envie mais elle rentra peu après, son père adoptif déjà chez eux, ayant miraculeusement – ou pas – pris une journée de congé. Elle n’aurait pas dus rentrer, elle aurait dut sortir avec ses copines. Ou même aller lire un livre !
Elle partit directement dans la chambre, allumant son ordinateur avant de sentir des bras puissants l’enlacer. Sursautant, la jeune fille tenta de se débattre, en vain. Il était fort, trop fort d’ailleurs. L’homme avait tout prévu, liens, bâillon et même un fouet…
L’après midi fut d’une longueur affreuse pour l’adolescente. Elle perdit son estime d’elle-même, son innocence, son enfance, sa virginité et une autre chose. La vue. Pendant de longs mois, elle ne vit que du noir, s’y habituant tandis qu’elle tentait vainement de repousser son père d’adoption. Cela dura un an, un an avant qu’un éclair fasse la lumière dans les yeux de Calypso. Elle voyait à nouveau ! Mais…
Mais elle ne le dévoila à personne. Et, par une nuit de pleine lune, elle trouva un masque sur le lit. La jeune fille ne savait pas d’où il venait et elle s’en fichait. Le revêtant, elle sentit une force étrange en elle, comme si sa haine était déchaînée. Elle alla à la cuisine, ainsi vêtue son père se moqua clairement d’elle. L’adolescente sourit alors et, armée de la même envie de vengeance, elle se saisit d’un couteau avant de venir, calmement le planter directement dans le cœur de l’homme.
Deuxième meurtre.
La suite ? Elle garda le masque, partit de la maison et fit semblant d’être aveugle. Elle passa ses diplômes sans être inquiétée, la nuit la transformant en une sorte de héros masqué. Elle finit par arrivée à Tokyo. Elle trouva un emploi, assistante d’un certain psy et continua sa vie ainsi, contente.
La suite ? Il reste à l’écrire.