Rencontre au détour d'une tombe [PV: Hisaé ♥ ]

† Qui se repent est bien loin d'être innocent.

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Rencontre au détour d'une tombe [PV: Hisaé ♥ ] 42

Le vent de cette soirée venait de se lever. Alors que la nuit s'installait doucement, il balayait les quelques feuilles mortes qui parsemaient le cimetière. Malgré l'heure il faisait encore jour, en ces nuits d'été la lune avait du mal à imposer son règne. Les centaines de pierres tombales qui composaient le cimetière se dressaient devant Scar. Fières, inébranlables. Elles semblaient renfermer tant de secrets que les plus peureux d'entre vous auraient pu croire les entendre murmurer. Le jeune (oui jeune ! /PAN/) homme s'avança et parcourra les rangées de tombes des yeux. C'était plus par habitude que pour réellement se repérer, cela fessait longtemps qu'il connaissait l’exacte emplacement de la tombe de sa femme parmi les multitudes d'autres pierres tombales. Il marcha silencieusement et relut pour la énième fois le nom en lettres d'or qui commençait légèrement à s’effriter. Les lettres formaient de jolies arrondis harmonieux qui définissait à elles seules une identité. Miharu I. Garilov. Vitaly avait depuis peu enfin fait le deuil de sa défunte épouse. Il avait difficilement passé le cap, après tant de mois à se morfondre. Il avait comprit que tout cela ne la ferait pas revenir, qu'il fallait qu'il passe à autre chose. C'était ainsi, il ne pouvait rien y faire. Il se sentait ridiculement impuissant et bon dieu, il détestait cela ! Il fouilla dans ses poches et en tira un paquet de cigarettes et quelques allumettes. Après avoir allumé l'une d'entre elles, il prit une forte bouffée de nicotine et apprécia le poison qui s'insinua dans ses poumons. Comme à chaque fois qu'il venait ici, il déposa une rose sur la pierre froide de l'autel.

Le vent balaya ses cheveux et son regard, perdu dans le vide jusqu'à maintenant se fixa au sol. Oui à présent il fallait qu'il aille de l'avant, c'en était finit du Vitaly qui ne foutait plus rien de ses journées. Il avait repris le travail au près du clan Inagawa et allait s'y consacrer à fond. De plus il avait eu un poste plutôt gradé, avec tout un groupe d'homme à sa charge. Il releva la tête et balaya le cimetière de ses yeux de braises. Il était l'unique visiteur, ce qui était assez bizarre. D'habitude toujours une ou deux personnes arpentaient le lieux, ou restaient fixés devant une tombe les yeux dénudés d’expressions. Et cela peu importe l'heure de la journée. Il haussa les épaules, après tout ça ne changeait pas grand chose. Au contraire, plus il était seul mieux c'était pour lui. Il ne manquerait plus qu'il recherche la compagnie dans un lieu pareil ! Il porta la mains à sa bouche pour en extraire sa précieuse cigarette et souffler la fumée qu'il avait accumulé dans ses poumons. Après tant d'années à fumer presque deux paquets quotidiennement, ils devaient être sacrément en mauvaises état. Le pire était qu'il appartenait à l'ordre des médecins et qu'il avait dit et redit à ses nombreux patients que fumer était dangereux pour la santé et tout le patata. Il en était de même pour l'alcool, il n'allait nul part sans sa petite fiole de Vodka lui rappelant vaguement son pays d'origine. Cela fessait combien de temps qu'il n'avait pas mis un pied en Russie ? 2 Ans ? 4 Ans ? Peu être plus. Un mouvement attira son attention, une personne venait de pénétrer dans l'enceinte du cimetière. Scar observa un moment l'âme déambuler à travers les rangs de tombes mais il n'en fit cure. Reportant son attention sur la rose qui commençait déjà à se recroqueviller. Il ne comptait même plus le nombres d'heure qu'il avait passé devant cette tombe, cette pierre si froide ou reposait le corps de son épouse. Ou du moins ce qu'il en restait ...

Se balader dans les cimetières avait toujours été une activité très plaisante pour Hisaé. Enfin, pas réellement plaisante, mais reposante. Et cela lui permettait de pouvoir se recentrer sur elle, de réfléchir, et de penser. Penser au présent, penser au passé, penser à l'avenir. Trois choses complètement distinctes mais qui toutes trois laissaient la jeune fille dans un état de perdition. En effet, son passé n'était que mystère jusqu'à ses 7 ans, puis mensonge et tromperie. Son présent n'était qu'illusion, peur, torture... Quant à son avenir, il était incertain.
Toute sa vie était construite sur des mensonges, alors comment pouvait-elle savoir qui elle était, elle, au milieu de tout ça ? Les morts ne parlaient pas, mais elle espérait en visitant tous les cimetières de la région tomber sur un nom qui lui rappellerait quelque chose, un indice pour se souvenir de sa vie passé, se souvenir de qui elle était...

Un ami lui avait parlé de ce cimetière, alors qu'il racontait la mort de sa grand-mère. Elle n'y était jamais venu, alors elle profita d'une visite au zoo entre amis pour s'éclipser et venir ici. Quand elle y pénétra, un grand frisson s'empara d'elle. Le silence était relaxant, pas comme dans les autres cimetières qu'elle avait visité auparavant. Elle regarda autour d'elle puis avança entre les rangées de pierres tombales, lisant les noms sur son passage, rapidement, juste au cas où l'un d'eux la frapperait. Elle avança sans regarder devant elle, comme fascinée par toutes ces fleurs, ces lettres d'or et ces pierres silencieuses. Ce qui la sorti de sa transe fut une odeur sortant du lot. Ayant senti jusque là que le doux parfum des fleurs, l'odeur de nicotine était dérangeante. Elle redressa la tête et aperçu celui qui avait troublé sa tranquillité. Elle s'avança sans bruit et se plaça à côté de lui, lisant le nom inscrit sur la pierre placée devant l'homme. L'inscription était plutôt récente, seulement un ou deux ans. Et la rose posée sur la pierre dénonçait les sentiments liant l'homme à la défunte femme... Ils devaient être amants, amours, ou mari et femme. Elle se demanda alors si Ogai serait venu sur sa tombe si jamais ses blessures avaient été fatales...

Elle relu le nom qui lui rappela alors quelque chose. C'était le nom du médecin l'ayant sauvée. Elle regarda du coin de l’œil l'homme près d'elle et le reconnu. C'était lui, son sauveur. Elle baissa alors la tête, réfléchissant de l'attitude à avoir. Ce serait déplacé d'être la petite folle qu'elle était habituellement. Alors elle décida de garder le silence. Elle déposa l’orchidée qu'elle tenait à la main sur la pierre froide, et resta ainsi, près du médecin, dans une prière silencieuse, une aumône aux morts qu'elle avait appris à l'école.

Même si Scar avait accepté la mort de sa femme, il ne s'était toujours pas convaincu qu'il n'y était pour rien. Il était persuadé qu'il aurait pu faire quelque chose. Dire un mot, une parole qui aurait radicalement changé l'affreux destin. Pour lui tout était de sa faute, il aurait pu faire quelque chose. Il aurait du faire quelque chose ! Il n'avait pas su protéger Miharu et ne pouvait s'en prendre qu'à lui même. Alors qu'il pestait contre lui même, la personne qu'il avait vu pénétrer dans le lieu de recueillement s'avançait vers lui. L’arrachant à ses pensées, il leva la tête pour l'observer. Il pu ainsi mieux distinguer son visage, ses formes (pour le peu qu'elle en avait) et son accoutrement. Oui c'était une fille, une jeune fille qui plus est. Il trouvait étrange qu'une gamine s'aventure ici. Du moins sans sa famille ou un parent. Peut être venait elle ici pour un parent, un ami ou un fantôme du passé. Son visage était fin et une longue chevelure encore plus rouge que la sienne lui descendait en cascade sur les épaules. Elle portait une épaisse écharpe et d'amples vêtements qui cachaient de minces formes. Elle s'avança encore un peu plus vers le Yazuka et pensant qu'elle allait le dépasser, Scar se désintéressa d'elle et tira une autre bouffée sur sa cigarette.

Mais à son grand étonnement la jeune fille s'arrêta et contempla la tombe de Miharu. Scar l'observa longuement et arqua un sourcil quand la demoiselle déposa une magnifique Orchidée sur l'autel. C'était qui elle ? Scar ne se souvenait pas l'avoir déjà croisé. Ceci dit il ne connaissait pas toutes les amies de sa défunte femme. Mais elle lui rappelait vaguement quelque chose, comme si cette jeune femme ne lui était pas vraiment inconnue. Une bourrasque de vent souleva une nouvelle fois les cheveux des deux visiteurs. Vitaly termina tranquillement sa cigarette laissant le temps à sa futur interlocutrice de réciter une prière. C'était tout du moins ce qu'il pensait. Il écrasa le mégot encore fumant par terre et le glissa dans sa poche. Il n'était pas insouciant au point de laisser trainer des mégots devant le tombe de sa propre épouse. Il plissa ses yeux, se tourna vers le jeune fille et finit par ouvrir la bouche le premier. Sa voix rocailleuse, du à la cigarette claqua dans l'air frai du soir.

« Tu connaissais Miharu ? Il me semble t'avoir déjà vu quelque part ... »

Il était vrai qu'il était tout de même intrigué par cette fillette débarquée de nul part. D'ailleurs quel âge pouvait elle avoir ? 14 - 15 Ans ? Peut être un peu plus. Il fallait reconnaitre qu'elle paraissait plutôt chétive quelque soit l'âge qu'elle avait. Il se concentra sur la fleur fraichement déposée, elle était blanche, immaculée, avec une pointe de rose en son centre. Sa tige verte pétante était un signe qu'elle avait été fraichement coupée. Il enfouit les mains dans ses poches et fixa de nouveau la jeune femme aux cheveux rouges. Attendant une réponse de sa part.

Le docteur écrasa son mégot et le mit dans sa poche. Elle ferma les yeux, contente de voir qu'il respectait un minimum les morts, bien qu'il ne respectait pas les vivants passant dans ce cimetière. Au son de la voix de l'homme, Hisaé sursauta, surprise qu'il daigne s'intéresser à elle. Elle pensa alors que ça devait être normal, elle avait tout de même déposé une orchidée sur la tombe de sa femme. Femme qu'elle ne connaissait même pas... Mais autant que sa fleur puisse servir à quelque chose, plutôt que de rester faner dans un coin de sa chambre. Elle lui répondit d'une voix douce et lointaine, comme perdue dans ses pensées. La voix qu'elle avait avant ses incidents, la voix qu'elle avait encore quand elle était arrivée à l'hôpital, ensanglantée, la gorge entaillée et le regard vide.

" Non je ne la connaissais pas, mais je préfère honorer la femme d'un médecin plutôt qu'un autre inconnu choisi au hasard... "

C'était vrai, habituellement, soit elle remmenait sa fleur et la laissait périr au coin de sa chambre, soit elle la déposait sur une pierre tombale choisie au hasard, une qu'elle trouvait pas assez décorée, ou totalement vide. Ce n'était pas le cas ici, la pierre de cette dame était magnifique, avec ses lettres marquées d'or, ses photos de la magnifique femme, et ses quelques fleurs disposées au hasard... Mais la dernière rose déposée commençait déjà à se tordre dans le froid, alors la belle orchidée ne pouvait que l'aider à vivre plus longtemps.

" Je suis Hisaé Takayama, il y a quelques mois je suis arrivée la gorge ouverte dans votre service... "

Elle leva les yeux vers le médecin et se rendit compte qu'il la regardait attentivement. Elle plongea dans son regard, n'ayant pas peur qu'il prenne cela pour un affront. Et même s'il le prenait pour tel, il n'oserait la provoquer devant la tombe de sa défunte femme. Et puis, quel homme se battrait avec une jeune fille telle que elle, déjà qu'elle ne faisait pas ses 15 ans...

Même si Vitaly fut assez surpris des dires de la jeune fille il ne laissa rien voir. Comment savait elle qu'il avait été médecin ? Il y avait une multitudes de réponses à cette question. Mais instinctivement il se méfia de cette gamine, aussi inoffensive soit elle. Il avait apprit il y a bien longtemps à ne pas se fier aux apparences. Mais tout lui revint en mémoire quand la demoiselle évoqua son arrivée dans son service. Oui il se souvenait avoir eu a faire à elle. C'était dans son hôpital qu'il l'avait aperçut pour la dernière fois...

.∷ FLASH BACK ∷.

Une infirmière complétement paniquée déboula dans le bureau de Vitaly. Sa blouse était entachée de sang et des larmes perlaient aux coins de ses yeux, exagérément maquillés. Elle respirait avec difficulté et semblait vraiment terrifiée. Après quelques secondes elle arriva enfin à articuler des mots.

« Mr. Gabrilov, c'est horrible... Une si jeune enfant ... Venez vite ! »

Bien qu'il n'ait rien comprit, l'homme aux cheveux rouges se leva de son siège en cuir et suivit sa subordonnée dans les couloirs de l'établissement. Il leva les yeux aux ciel, décidément les aides soignantes étaient vraiment trop émotives de nos jours. Un rien les faisait fondre en sanglots. Et tous le monde savait que dans ce métier, il fallait avoir un moral de fer. Il finit par arriver dans une chambre isolée près du bloc opératoire. En chemin l'infirmière lui expliqua qu'une jeune fille était arrivée il y avait quelques minutes, la gorge complétement ouverte. Le médecin constata l'ampleur des dégâts en arrivant sur place. La gamine aux cheveux rouges avait une plaie béante en plein milieu du cou. Ils ne l'avaient pas encore changée et du sang recouvrait tout ses vêtements. Apparemment elle avait perdue beaucoup de sang, il fallait agir vite.

L'opération se déroula sans accros majeurs, et quand elle sortit du bloc opératoire la jeune fille pouvait de nouveau respirer correctement. L'opération avait néanmoins été laborieuse, et avait durée plus de 5H. Tout le service était épuisé par tant de temps passé dans la pièce aseptisée. Scar le premier. La première chose qu'il se demanda quand il rentra chez lui ce soir là, c'est comment une si jeune fille pouvait avoir fait cela ? Par la suite il apprit qu'il ne s'agissait pas d'un suicide comme il le pensait, mais bien d'une agression. Malgré sa surprenante blessure et la cicatrice qui lui barrait toute la gorge la fillette se remit assez bien et sortit assez rapidement de l’hôpital. A son dernier "Check Up" tout semblait aller pour le mieux. Du moins physiquement.

.∷ FLASH BACK ∷.

Vitaly fixa l'écharpe que portait la jeune femme. Il savait bien que ce n'était pas facile de porter quotidiennement une cicatrice de cette envergure. Ne savant pas trop quoi dire vu la situation il se contenta d'un faible sourire et enchaina.

« Hum oui, je me souvient de toi. Apparemment tu te remet bien ... »

Il capta le regard de la plus jeune et revint à se demander ce qui avait poussé son agresseur à lui entailler la gorge. Pourquoi une gamine comme elle ? Il comprenait qu'on agisse aussi sauvagement dans un règlement de compte entre hommes, entre clans. Mais pas sur une enfant. Avait elle seulement fait quelque chose de mal pour mériter ça ? ...

Les souvenirs de ce moment d'horreur lui revinrent en tête. Cet homme lui ayant promis monts et merveilles arrivant derrière, l'attrapant par les cheveux et lui enfonçant son poignard dans la gorge. Les sang coulant à flots, les cris ne voulant sortir, la sensation de tout perdre, de n'être plus qu'une âme enfermée dans un corps sans vie. Le sol, si froid et si dur, s'imprégnant de sa vie, le vide, l'envie de disparaitre, de mourir, mais aussi de se venger, de savoir pourquoi ça, de pleurer, de le tuer... Mais l'incapacité à faire tout ça. Inconsciente sur ce sol, pensant ne jamais revoir la lumière du jour...

A ce souvenir, elle souhaiterait juste sauter sur Scar et l'égorger. A ce souvenir, elle souhaiterait tuer toutes les personnes osant croiser sa route, pour que le monde ressente sa rage, sa haine, sa tristesse, sa souffrance... Mais elle n'en fit rien. Pour une fois, elle prit sur elle. Car sans cet homme elle ne serait pas là. Sans cet homme, elle n'aurait jamais eut la chance de se venger un jour. Sans cet homme, elle ne serait pas là, debout, pouvant respirer, parler, hurler, vivre...

Elle sortit de ses pensées et aperçu le sourire du médecin, ainsi que son regard plein d'incompréhension et de pitié. Elle n'aimait pas voir ces deux choses dans les regards des gens, mais personne à part ses anciens voisins, les infirmières s'étant occupées d'elle et cet homme n'avait vu son affreuse blessure, tout ce sang... Elle osa un léger sourire à son tour, essayant de chasser ses mauvaises idées.

" Plutôt. Vous avez bien fait votre boulot Docteur, c'est comme si je n'avais jamais rien eu ! Bon, il y a cette marque là... Mais bon, il faut bien des cicatrices pour nous rappeler le passé et nos erreurs, sinon on les referais ! "

Plus elle avançait dans sa phrase, plus elle souriait et reprenait son air enfantin qu'elle portait si souvent. Le jour où elle était sortie de l'hôpital, elle avait regardé le ciel bleu, et contemplé les nuages blancs et la lumière du soleil pour la première fois. Et depuis, elle avait décidé de profiter de chaque jour pour découvrir toutes les choses auxquelles elle n'avait jamais fait attention. Et bien que ce changement radical de personnalité en avait surpris plus d'un, il avait été apprécié par tous. De la jeune fille froide et distante, elle était devenue une petite boule d'énergie toujours souriante, pétillante. Grâce à ça, elle avait appris ce qu'était un ami. Ainsi que la signification de plein de mots, du genre de jouer, rire, s'amuser, trainer, sortir, danser, aimer... Avant, elle aimait oui, mais pas de cette façon. Maintenant elle était appréciée, alors elle savait que le jour où elle sa vengeance s'accomplirait, elle profiterait de chaque petit moment de la vie, comme elle avait déjà commencé. Elle se souvint soudainement que ses amis devaient la chercher, au zoo, mais... La compagnie du Médecin n'était pas déplaisante. Si jamais il se lassait, elle partirait, mais en attendant, elle voulait essayer d'en savoir plus. Notamment des choses à propos de sa blessure... Mais comment les demander ? Ce n'était pas un sujet simple à aborder, surtout devant une pierre tombale gravée au nom de son interlocuteur.