Sujet: Moë | History Of Violence Mar 18 Oct - 22:22
Hold 'em Like They Do in Texas Plays...
Step by step, heart to heart, left right left We all fall down...
The Hot Issue
F e a t : Belarus | Hetalia
NOM - Houdachn PRÉNOM - Moë Dounia ÂGE - 30 ans DATE DE NAISSANCE - 24 mai PROFESSION - Professeur d'option (langue des signes) ; Interprète japonais/russe; Parasite de l’État japonais QUARTIER DE RÉSIDENCE - Azabu GROUPE - Yakuza; Yamamoto
Let You Speechless
The Geek Inside
PSEUDO - Ismael ♥ ÂGE - 20 ans COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM ? - ÉCRIRE ICI DES SUGGESTIONS ? - ÉCRIRE ICI LE CODE -Validé par June ~
Sweet Dreams
VOTRE AVATAR SUR FRENESIS
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Could We Fix You If You Broke ?
The Very Bad Reputation
Moë est comme tous les hommes, à un détail prêt, elle voit bien mieux que le reste de l’humanité.
On raconte que lorsqu'on perd un sens, les autres s'en retrouvent affinés. Dans ce cas là, la perte de l’ouïe a forcé la russe à ouvrir ses yeux, et à faire face à beaucoup trop de choses pour elle.
Moë est atroce et insupportable. Ses élèves la disent raciste, imbuvable, autoritaire, incapable d'affection envers son prochain. Ils chuchotent en la voyant dans les couloirs qu'elle aurait plus d'une fois provoqué des exclusions, qu'elle ne respecterait aucune hiérarchie et n'aurait aucun savoir vivre. Une rumeur circule qu'elle aurait craché sur les chaussures d'un diplomate bien plus d'une fois dans sa courte vie. Ses collègues la décrivent comme violente mais incapable d'agir, prisonnière dans son trône de fer et sa bulle de silence. Elle serait alors hautaine et sarcastique, cachant sous une armure de glace et de dédain toute la faiblesse de son handicap, toute sa haine envers elle même et son état de dépendance envers son prochain.
Il faut faire preuve de maturité, disent-ils, il faut bien comprendre que Moë est différente des autres.
Différente. Marginale. Tellement de politiquement incorrect.
On lui cherche des excuses, on lui pardonne d'être ainsi la lie de l’humanité et de regrouper à elle seule tous les torts et défauts de plusieurs générations. Pourquoi juger une femme qui ne pourra jamais rien faire de sa vie? C'est déjà tellement dur d'être elle, autant ne pas en rajouter une couche.
Vous saviez qu'Hitler avait des problèmes avec sa mère?
Non?
En sachant cette information, vous pensez qu'on l'a mal jugé? En quoi le fait d'avoir des disputes avec votre génitrice peut justifier de tuer des juifs, des handicapés, des gays?
En rien.
Et pourtant, vous allez pardonner à cette horripilante jeune femme de vous insulter, de vous cracher dessus et de vous juger en un unique regard. Pourquoi? Parce qu'elle est en fauteuil et qu'elle sourde. Parce que son état de faiblesse vous provoque de la crainte et de la pitié. Et si c'était vous à cette place? Personne ne peut fuir cette idée quand on la voit se déplacer avec difficulté.
Moë le sait, elle en profite et en abuse chaque jour. Elle sait pertinemment que personne ne la remettra jamais à sa place, car elle voit l'image qu'elle renvoie. Elle est une femme perdue, une femme sans âge et sans but. Cette demoiselle subit la vie sans pouvoir rien y faire.
Bande d’attardés.
Le jour où Moë subira quelque chose, ça sera le début de la fin. Je vous l'affirme. Car si son regard parait terne et sans vie, il n'en est rien. Moë bout d'une force mentale hors du commun, d'un esprit vif, capable de soulever des montagnes. Oui, elle est impulsive et s'emporte pour un rien. Mais ça ne l’empêche pas de pouvoir penser froidement, avec la régularité et l’originalité d'une montre suisse. De peser le pour et le contre, le bien et le mal d'une action avec plus de précision que la divine balance qui pèse les âmes. Féministe à ses heures perdues aussi, et totalement contre le système actuel, Moë a plus d'un sujet de prédilection pour cracher toute sa bile, toute sa répugnance contre ses pairs. Elle est franche, directe et s'exprime toujours clairement avec des mots simples qui ne viennent que confirmer le manichéisme de sa pensée. Le bien et le mal s'oppose sans cesse, et le gris n'est ici que pour flouter les esprits faibles. Tout est blanc ou noir, jamais les deux. Et la russe navigue naturellement dans l’obscurité la plus profonde.
On la dit portée sur le terrorisme, les vendettas. On la dit droguée, amatrice de jeux pervers et de domination. Ses élèves, son entourage ont tellement fait circuler d'informations, de rumeurs, de contre-rumeurs qu'au fond tout le monde la connait. Moë est une légende urbaine à elle seule. Anonyme dans la foule et connue de tous dans leur inconscient.
Et les gens ont raison, c'est bien là le pire. Moë en Yakuza qui se respecte ne cache pas ses vices ni ses défauts. Bien au contraire elle les amplifies pour imposer sa marque, son respect dans ses affaires où elle est intraitable et inflexible. Toujours à tenir parfaitement ses comptes et usant de son apparence handicapée aux yeux des autorités, la russe est un membre quasi parfait, qui ne réalise aucune bavure dans son travail, ne s'autorisant aucune petite folie. Elle paye toujours ses dettes, est loyale dans cet univers de requins et pourrai donner sa vie pour sa famille. Froide, organisée que ce soit dans son travail officiel comme professeur et traductrice de jour, ou dans ses commandes d'armes, de drogues et de prostitués des pays de l'Est le soir.
INDISCRÉTIONS
DIRTY LITTLE SECRET - Il n'y a pas grand chose à dire, le sens des valeurs de la russe l’empêchant de vraiment cacher son jeu. Enfin.. bien qu'en fauteuil roulant, Moë est en fait tout à fait capable de marcher. Non, ce n'est pas un détail? Vous êtes sûr? Ha, et... vu que j'y pense, Moë est une Yakuza de la pire espèce, capable de vendre un être humain sans perdre son sourire froid et irrité. Une charmante personne pas vrai?
SEXUAL ORIENTATION - Hétérosexuelle. Mais son fauteuil et son caractère lui confèrent le statut à part entière d’asexuée aux yeux de la société.
PROJECT - Continuer d'embêter son monde
DREAM - Aucun. Les rêves c'est du long terme, et comme disait Keynes: au long terme, nous serrons tous mort.
ALWAYS CLOSE - Un taser ainsi que son port d'arme officiel.
QUOTE - "Comment osez-vous? Je suis handicapée!" C'est un leitmotiv qui revient bien souvent dans la bouche de la russe. Un petit sésame pour tout faire, qui l'autorise à se comporter de la manière la plus insupportable possible. Et bien oui, vous n'allez tout de même pas frapper ou vous énerver contre une handicapée? On peut aussi rajouter le fameux : "Les jeunes.. aucun respect" que la blonde aime prononcer après avoir été particulièrement ignoble.
BANG BANG: Beautiful & Dirty Rich
Il y a "notre" Moë, nouvelle ombre noire et menaçante, crainte de tous et détestée par tant de personnes, qui ne peut être que la réincarnation du démon.
On l'imagine avec des cornes sur la tête, la peau froide comme la glace et les yeux brûlants d'un rouge infernal. Hélas, la jeune russe provoque encore d'avantage de pitié en voyant son triste état physique. Il faut d'abord arriver à passer outre la barrière du fauteuil roulant. Il n'est pas rare que les gens se contentent juste d'y voir une handicapée, refusant de mener plus loin leur observation.
Moë est une femme qui avait surement une allure impressionnante et fière jadis, avant son accident. Sa nuque haute et fine, son regard acéré, ses lèvres pales dessinées au scalpel... une caricature de la russe parfaite, dont pas une seule goutte de sang métis ne vient apporter une touche de fantaisie à ce visage figé dans la glace. Ses longs cheveux d'un blond blanc tout aussi pur retombent en cascade fine autour de sa mâchoire à l'angle parfait, aussi avenante que la mâchoire d'un requin, l’auréolant d'un coté mystique capillaire. On peut le dire sans trop se tromper, le physique de cette jeune femme ne prête pas à des discussions amicales... un arrière gout de perfection aryenne qui ne donne pas trop confiance.
Et vous avez bien raison de le penser. Que d'expressions sur ce petit minois ovale si peu expressif justement, toutes reflétant autant la fragilité, la détresse, la perte de repères mais aussi la volonté de se débrouiller seule, sans aucune aide extérieure. Menton pointé vers le haut, droite comme I, Moë est semblable aux personnes âgées aigries de la vie, perdues dans la foule et conscientes de leur incapacité à agir mais refusant envers et contre tout de se laisser faire.
Nager à contre courant sans savoir faire la brasse en somme.
Ses yeux d'un gris-bleu acier sont maintenant ternes, cernés de violet profond et de poches... généralement fuyant toute surface qui pourrait renvoyer son reflet, préférant affronter directement et sans ciller ceux de son adversaire. Ils sont encore bien souvent animés d'émotion, teintés de violence et de colère... mais ces quelques palpitations de sentiments humains finissent rapidement par disparaitre pour ne faire place qu'à un lac d'acier mat, qui rumine dans son coin une possible vengeance ou une prochaine réflexion acerbe. Quand elles ne vous fixent pas directement, les deux billes d'aciers ne lâchent pas vos lèvres, au point d'en déranger ses interlocuteurs. La russe est sourde ne l'oublions pas, et encore débutante dans la lecture de vos mots. Ses sourcils fins, quasiment blanc, s'arquent sous la concentration... et bientôt, c'est excédée qu'elle vous tourne le dos, incapable de comprendre vos arguments.
On lui donne dix ans de plus, facilement, tant la fatigue lacère ses traits. A moins que se ne soit dû aux tremblements qui secouent ses mains, longues et fines comme celles d'un pianiste? Le fait même de boire une tasse de café devient parfois digne d'une aventure pleine de rebondissements... ses muscles ployant sous le poids de cet objet si léger qu'est un mug.
La russe traine sa carcasse, son fauteuil couinant dans les couloirs tandis qu'elle serre dans ses frêles mains une épaisse couverture de laine qui recouvre ses jambes.
Nul ne peut discerner ses formes, son corps... en toute saison, des pulls épais ou de larges vestes recouvrent ses épaules, ne dévoilant même pas un millième d'une peau qu'on imagine d'une pâleur parfaite. Quand vient l'été, elle en arrive même à porter d'immenses chapeaux, protégeant son visage de tout rayon brûlant et dispensant une large ombre massive qui englobe tout son fauteuil. Tout son petit monde.
Oui, Moë est pâle, tellement pâle qu'on pourrait suivre avec un doigt le labyrinthes de veines bleutées qui circulent sous sa peau fine et fragile. Elle parait alors encore plus frêle sous ses épais vêtements qui l'écrasent, lui donne une allure de femme de plus de 50 ans dans un corps d'enfant malade... refusant de communiquer avec le reste du monde. Voila la Moë que tout le monde connait.. aussi fragile qu'un bout de verre sous un camion, aussi blanche et glaçante qu'une pluie de grêlons.
Et puis il y a Pink Lady. La fameuse Pink Lady! Demoiselle immense, du haut de ses 1m80 qui danse, balance des hanches avec tellement de sensualité et d’érotisme qu'on en oublierai les bottes talon aiguilles qui lui rajoutent encore quelques bons centimètres ainsi que les deux couteaux de chasse qu'elle porte à sa ceinture. Sa chevelure est retenue par une cagoule qui ne dévoile que sa bouche souriante. Pink ne se dévoile jamais durant ses transactions nocturnes, restant dans l'ombre ou caché derrière son déguisement qui lui assure anonymat.
Pink Lady... les yakuza savourent de prononcer un tel nom. Il faut le dire avec un faux accent british, plein de classe, à la Jane Birkin. Plus aphrodisiaque que du gingembre, que du viagra ou que des huitres.
Hulalala... n'est-ce pas sa silhouette, toute gainée d'habits sombres si près du corps, qui dévoilent en plus de formes avantageuses et rebondies une musculature des plus appétissantes? Quel cuissot musclé, quelle petite paire de fesses. On en reste baba. N'est-ce pas son sourire d'un rose pétant sur le paquet de drogue ou le colis d'arme?
Pardonnez donc à une si charmante et vulgaire demoiselle de salir les murs blancs de sang. On pardonne tout à une Lady non? Surtout si elles ont plus des mouvements de stripteaseuse.
Allons donc bande d'hypocrites, n'est-ce pas cette image là que vous renvoyez des femmes? Le bikini à l'air dans toutes les publicités, le teint parfait et les formes outrageusement provocantes? Quel dommage que votre fantasme soit ici pour vous donner une bonne raclée en cas de facture non payées.
Bien que son regard soit masqué et qu'on ne l'entende jamais parler, on sait que sa main ne doute jamais quand elle donne le coup de grâce.
Car Pink Lady tue. Sans ciller. Elle blesse, détruit dans une colère inexplicable. Elle sait se battre comme un homme, manier les armes à feu et aime être sûre qu'il ne restera rien des quelques infiltrés de la police qui souhaitent découvrir son identité.
Dernière édition par Moë Houdachn le Dim 23 Oct - 0:12, édité 22 fois
SAY MY NAME, SAY MY NAME:
Moë Houdachn
DARKER THAN BLACK.
▌Petits Mensonges : 45 ▌Music : Cold Finger Girl
Sujet: Re: Moë | History Of Violence Mar 18 Oct - 22:23
Popped My Heart On My Bubble Dreams...
The Story Of Morning Glory
"-Je te jure, une fois que tu as géré ce genre de mec... t'occuper de ces gamins c'est de la rigolade! Moi l’armée j'ai fait ma part, je regrette pas, hein! Je suis pas un de ces cons qui prônent l'amour envers son prochain. Mais c'est tellement plus tranquille de s'occuper d'eux"
L'homme écrasa sa cigarette contre le métal glacial du poste de contrôle de la salle de surveillance, laissant une petite trace ronde de brûlure et de cendres. Autour de lui, le public éclata de rire, rajouta quelques réflexions vulgaire sur les fameux gamins à grand renfort de regards en coin. Hommes en majorité, quelques femmes étaient assises nonchalamment sur des chaises à roulette inconfortables, un sourire ou une cigarette déjà bien consumée aux lèvres. Tous sans exception portaient le même genre de tenue, la même attitude, la même façon de parler, de marcher et de se regarder dans les yeux sans jamais ciller. Pantalon noir, veste noire, chaussure noires. Pas une trace de couleur ni de maquillage, c'était les dents vaguement jaunies par le tabac qui venait "égailler" la scène. Tous ici présents, ces quelques individus sans grand intérêt pris seuls, avaient le même putain de métier qui leur bouffait la vie continuellement: ils étaient nounous.
Pas n'importe quel genre de nounou hein, soyons sérieux une seconde. Il existe plusieurs sortes de nounous, c'est pareil que les avocats.. Y'a les bons, et ceux aux rabais. On embauche pas des mecs capables de tuer d'un regard pour garder le gamin du cinquième étage d'un vulgaire HLM, pour forcer à faire ses exercices de maths à une petite cruche qui préfère envoyer des textos le soir. Ces mecs en costard, plus droit qu'un balai, c'est clairement pas la babysitteuse étudiante de 16 ans qu'on engage par flemme, sachant pertinemment qu'elle se contentera d'une boite de conserve comme repas tout en regardant un reality show à la con sur une chaine américaine.
"Et toi Moë? Comment tu t'es retrouvée à cirer les pompes de ces mouflards surdoués? Tu as pas l'air d'avoir la fibre maternelle pourtant"
La dite Moë détacha ses yeux aciers d'un des écrans de surveillance. "Avant j'étais gardienne de prison." La révélation sonne dans l'air comme un coup de canon. La blonde sirote un café tiède et fade avant de reprendre, continuant de fixer l'évolution de l'affaire "flute traversière", savourant le suspens qu'elle venait d'instaurer.
"Le jour où on a réussit à me blesser avec une lame en savon, j'ai décidé que j'étais trop jeune pour crever dans un couloir qui pue l'urine." Sa voix fit naitre le silence dans la salle de surveillance surchauffée.
"Une lame en savon?"
Le grand black du fond s'avança pour se retrouver sous l'un des néons blancs encastrés dans le plafond. Le rayon de lumière blanche fit briller son crane parfaitement chauve, sa gourmette d'argent et le stylo bic dans sa poche de veste. Les trois asiatiques encore studieux et concentrés se focalisèrent eux aussi sur la jeune femme qui parlait, laissant tomber avec joie la surveillance de deux jumelles au caractère imbuvable occupées à travailler le chant.
"Quand on veut se battre, on peut le faire avec n'importe quoi... et je te jure qu'ils m'ont sacrément bien tailladée ces petits cons. " Elle manqua de cracher par terre et souleva légèrement la manche de sa veste pour montrer les profondes entailles à son poignet gauche.
"J'ai cru que j'allais me faire violer tout en me vidant de mon sang. Heureusement y'a une balance qui a appelé d'autre matons. Il avait envie de se prendre une petite réduction de peine pour bonne conduite. Je crois qu'il est froid et en train d'être digéré par les vers. Dommage pour lui."
La blonde resta quelques secondes pensive, fixant sans voir les nombreux écrans devant elle qui dévoilaient sans pudeur les coulisses d'un immense opéra. Une cage de verre et d'acier à elle ne savait combien de mètres du sol, défiant toutes les lois de la physique et de la gravité. Une petite folie d'un architecte drogué qui avait trouvé judicieux comme idée de créer un tel bâtiment dans le ciel. Une arche de culture et de bon goût qui se détachait de la pourriture ambiante qu'était la basse populace. Ce nouvel opéra, immense et incroyable, était un pied de nez à la crise et à la pauvreté des gens... une bulle brillante où la petite richesse de ce bas monde venait regarder leur progéniture si douée et si parfaite chanter et jouer, créer et développer un art qui était l'apanage d'un petit comité de privilégiés. Les biens nés se coupaient de plus en plus du monde, ils vivaient tellement loin de la réalité des choses que les "nounous" en devenaient amers. Fréquenter le jour le paradis et retrouver le soir la pauvreté, la moisissure nauséabonde de l'individu lambda.
"Des putains de petits angelots qui ont en une semaine mon année de salaire" avait dit le grand black répondant au nom de Miguel. Un mec silencieux quand il fallait, consciencieux. Lui aussi il devait avoir un passé "hors" du commun. Pas comme les asiatiques dans leur coins et la demoiselle au cheveux court qui refusait de se mêler à la conversation. Eux, ils étaient tout droit sortis d'une école privée. Tout dans la théorie, rien dans la pratique, aussi sympa qu'une porte de prison. Soudainement le rire strident de la rouquine aux grands yeux de biches ramena Moe à la réalité, lui faisant oublier ses critiques mentales sur les nouvelles boites privées de ce type.
"Ils t'ont engagé pour ça hein? Les parents de ton petit. Parce que quand on sait s'imposer et résister à des criminels, même le pire arrivera pas à leur cheville."
L'ex maton eu un petit sourire en coin, repris son carnet beige et repris sa surveillance.
"Pour ça et parce que quand on est aussi chanceuse que moi, les parents pensent que sa suffira à éloigner le mauvais œil de leur descendance.
-La chance j'y crois pas. Je connais le milieu carcéral, ils engagent pas des rigolos. Surtout chez les russkof! Mon petit doigt me dit que t'es pas si fragile que tu en as l'air."
La demoiselle haussa les épaules, coupant court à la discussion et repris son travail. Elle n'allait pas non plus balancer son curriculum entre deux tasses de café.
C'était une soirée comme elle les détestait. Une soirée à la con, à vérifier que son "gosse" n'avait pas de problème avec ses camarades. Elle allait rester là et attendre qu'il rentre en scène. Ensuite, elle quitterait la salle de surveillance pour attendre dans les coulisses, vérifier qu'on ne vole pas ses affaires, lui préparer une veste et une tasse de chocolat chaud. Puis, quand le petit verrait que ses parents sont trop occupés à discuter affaire avec d'autres parents, quand la petite tête brune verrait qu'il est encore une fois seul au milieu de la foule puant l'oseille, il viendrait la voir. Elle l'accompagnerait dans un endroit calme avec d'autres gamins et attendrait le signal pour le faire rejoindre la limousine noire en bas de l’Opéra. Ce n'est qu'une fois le garçon au fond de son lit que sa journée allait prendre fin.
Dieu que j'ai hâte..
On lui avait dit que c'était un boulot sympa, bien payé et où on s’embêtait jamais. Que demander de plus? Elle avait les qualités nécessaires pour un job de rêve dans une famille de rêve. C'était pas digne d'un trip américain? Mais triste vérité, c'était de la pure publicité mensongère. Chaque seconde à observer ce marmot qu'elle détestait lui paraissait une éternité. Une douloureuse éternité en enfer... à devoir fréquenter des enfants mal élevés, qui étaient répugnés de savoir qu'elle vivait dans un petit appart de banlieue. Haine réciproque bien sur.
Son enfance à elle n'avait pas été rose, mais pas noire non plus, elle avait eu quelques valeurs à grand coup de fessées méritées. Parfois sa main lui démangeait d'en balancer une bien sentie quand la plus petite refusait de manger trois légumes verts. Et les petits africains, elle y pensait la crétine qui dormait tous les soirs dans des draps de soie? Non fallait pas demander des valeurs à ces gosses prétentieux. Jouer du violon à 8 ans oui, mais dire merci, là c'était trop dur?
Et mon cul... c'est du Mc chicken?
Moë avait grandit facilement au milieu de ses cinq frères, dans son petit bled de Russie, elle au moins elle avait mangé ses légumes et sa soupe, ce qui l'avait rendue grande et forte. Par contre, elle n'avait pas bossé à l'école préférant les cours de sport et l'école de la vie. Soit on fini clodo, soit dans un sous métier qui donne envie de gerber. Elle s'était retrouvée maton. Y avait pire, bon y avait mieux aussi. Contrairement à ce qu'on pense, être maton, ça vous ouvre des horizons (et en plus ça rime). C'était en suivant cette fabuleuse carrière qu'elle avait fini dans les prisons japonaises, en manque de personnel qualifié capable de rester froid même quand un mec qui a bouffé ses parents se met à vous lécher la nuque.
En 7 ans de boulot, la jeune fille était devenue une jeune femme froide et douée dans son boulot. On lui avait appris à utiliser une arme, à se défendre, à encaisser les coups, à savoir rester maitre de ses émotions... mais voila, ding dong, l'horloge interne vous rappelle à l'ordre. Dame Nature vient vous chuchoter un matin qu'on devrait trouver un emploi où les hommes savent se brosser les dents, où tu n'as pas à dégainer un taser pour te faire entendre et où on ne retrouve pas du verre pilé dans ton café. Il y avait cette dernière tentative et la gamine en avait eu assez, l'utilisant comme prétexte. Basta, elle allait dire bonjour aux bourgeois. Aux fameux capitalistes que la Russie avait si longtemps brulés. Et, histoire de faire d'une pierre deux coups, elle avait même réussit à se trouver quelqu'un pour partager ses folles soirées à boire de la soupe en regardant une série. What a wonderful world.
Quoi que... plus haut que bourgeois, c'était quoi? Noble? Plus haut. Politicos? Encore, encore... Homo économicus? On y était presque. Un combo de tout. Voila, des mecs qui cumulaient tellement de postes, tellement de salaires qu'ils ne savaient quoi en faire. Tu as trois ans et tu veux un jet? Un clip avec un rappeur célèbre? Je t'en prie prends... ça sera ton cadeau pour avoir rangé ta chambre. Quand la blonde rangeait sa chambre, elle n'avait pas de cadeau.
Et Moë surveillait "ça". Les petites têtes blondes avec comme argent de poche le PIB de l’Éthiopie. Elle suivait comme une ombre la petite fleur si fragile qui allait se défoncer à 13 ans dans la salle de bain, sniffant de la cocaïne pour ensuite s'envoyer en l'air avec son prof particulier. Mais c'étaient pas ses affaires, pas dans son contrat de travail. Son job à elle, c'était juste vérifier que la gosse n'avait pas de soucis, ne se faisait pas kidnapper ou elle ne savait quoi encore. Hoo, y avait un temps, elle avait voulu s'en occuper. Jouer la maman ou la grande sœur. Mais la triste vérité c'est que quand un enfant de 8 ans gagne mieux sa vie que toi à 30, tu peux pas vraiment instaurer un climat de respect. CQFD
Durant toute cette réflexion, Moe avance machinalement dans les couloirs qu'elle connait bien, se dépêche de prendre l'escalier de gauche et regarde par la fenêtre le mec qui nettoie les vitres et qui lui fait un clin d’œil. Un instant, un souffle, elle s’arrête. Un truc de louche, une sonnette d'alarme de son ancien travail qui résonne en elle.
Un sentiment étrange la trouble en voyant cette scène.
Mais l'heure tourne, l'instinct de Moe s'est émoussé.
On descend deux étages, on tourne à droite, droite, droite encore et voila le "sas". Un des nombreux qui bloquent l'étage et permet d'éviter d'avoir des pauvres qui respirent le même air que son patron. Le code : 5699A, sa main la compose sans qu'elle n'y fasse attention, comme tous les mercredi.
La "nounou" fini par enfin déboucher dans les coulisses où la musique n'a pas encore commencé à prendre son envol. La russe lève ses yeux, admire le toit de verre, l'immense coupole transparente où brillent les étoiles et les lumières de la ville pendant que les notes font un bref instant chavirer son âme. Les lumières s’éteignent dans la salle... le concert commence et les nounous, tous réunis dans l'ombre feutrée autour de la scène, écoutent. La blonde ferme les yeux et la musique monte en elle, tellement violente et qui la rend pourtant paisible.
Et puis le sol tremble et la musique s'envole comme une feuille dans la tempête qui vient de commencer. A la place de la montée en puissance de la voix enchanteresse des deux jumelles ne vient qu'un étrange son, un hurlement suraiguë qui lui dévore les tympans.
Moë s'envole. Son corps est propulsé à travers la scène et la chaleur qui dévore ses vêtements et sa chair la fait hurler de douleur. Sa voix, pourtant, elle ne l'entend pas. Toujours ce sifflement dans sa tête. La trompette du jugement dernier? Pas même le son de son propre cœur. Rien que le sifflement aigu. La blonde se relève difficilement, les jambes tremblantes et en sang. Elle regarde partout, totalement hébétée et voit le chaos à perte de vue. Le monde continue de trembler, tellement fort qu'elle ne peut pas rester debout car un nouveau souffle d'explosion la fait vaciller, elle et son poids plume de femme. Le mur est dur dans son dos et lui fait cracher du sang. Son corps glisse, doucement. La fatigue, le sang et la fumée noire qui s'insinue partout autour d'elle, lui donnent envie de vomir. Il y a encore sur la scène quelques enfants vivants, alors elle se relève, durant ce qui doit être une accalmie au chaos et court au milieu des gamins, hurlant silencieusement pour les amener vers les portes de sortie de secours. Dame Nature lui a donné durant quelques seconde la fameuse fibre maternelle.
Le sas et le code, une porte coupe feu. C'est un attentat? C'est quoi? Pourquoi? Mais elle a beau appuyer sur les touches rien ne s'ouvre. On les a enfermé? Qui?
La camera la fixe en hauteur et elle continue de hurler, de pousser en pensant que sa force fera à elle seul plier le métal. Une main attrape sa veste et elle se retrouve face à ceux qui l'ont suivit. Trois gamins en pleurs et une adolescente paniquée.
Elle suffoque, la pression l'étouffe et lui sert la gorge comme un étau. La fumée ou la peur? La mort ou la vie? "La vie" lui souffle une petite voix qu'elle ne peut toujours pas entendre. Il faut repartir, refaire le chemin inverse et trouver des secours. Elle prend un gosse dans ses bras, celui qui boite et ne fait que pleurer comme la fillette qu'elle était quand un de ses frères lui prenait une poupée. Fou comme certains détails commencent à se bousculer sous ses yeux. Sa vie qui défile alors qu'elle n'est pas encore morte. Un mauvais présage. Il est léger comme une plume et elle se retrouve sur la scène, luttant entre ses souvenirs et la réalité, garder son esprit vif est parfois si dur quand on perd espoir. Les gens n'ont pas bougé... les issues sont toutes fermées et les cameras continuent de filmer froidement une mort générale qui ne va pas tarder à venir. C'est une piège qui se referme sur eux, quand une énième explosion se fait sentir.
Le monde se ralentit et tous sans exception lèvent les yeux. Ce n'est plus le sol qui tremble. C'est autre chose, c'est la coupole de verre et d'acier qui tangue au-dessus d'eux qui tremble et les menace.
"Pour ça et parce que quand on est aussi chanceuse que moi, les parents pensent que ça suffira à éloigner le mauvais œil de leur descendance."
La garde du corps regarde la chose qui tremble dans ses bras et qui la serre de toutes ses maigres forces. Le voleur de partition. Et puis le toit s'effondre sur eux, tous, sans distinction de salaire, de race ou de sexe. Le seul moment de sa vie où Moë sera jugée en égale à tous les hommes ici présents. L'élite du monde regarde sans pouvoir rien faire la voute de cristal tomber... d'abord en fine pluie d'éclat, comme quelques perles de pluie. Elle tombe dure cette pluie de verre et vient écorcher la peau, s'encastrer dans la chaire, renvoyant les lumières de la ville alors que la fumée continue d'envahir les poumons de chacun. Et la pluie devient neige. Gros flocons tranchant pendant que Moe se jette par terre, dos vers le ciel, gardant sous elle le gamin qui doit hurler en voyant la neige devenir grêle et les éclats s'envoler dans tous les sens, tranchant à tout ce qui passe à leur portée.
Les bouts de verre pleuvent, la structure de métal s’effondre sur elle et le noir envahit la scène.
Les violons se sont depuis longtemps tus quand les sirènes prennent le relai, tandis que Moë, dans un hurlement silencieux et pourtant insupportable, regarde son sang se mêler aux éclats transparents.
Étrange comme il est à la fois facile d'entrer dans le monde du silence et de l’obscurité, et dur d'en sortir. Une fois qu'on y est installé plus rien ne semble filtrer de ce noir absolu... l'on y reste alors seul, plongé dans son esprit qui vous embrouille, vous piège. On croit voir la lumière, mais ce n'est qu'un énième fantôme de votre jeunesse. On croit sentir quelqu'un vous frôler, mais ce n'est qu'une simple illusion. Ne plus contrôler son corps, incroyablement lourd comme du plomb. Ne plus contrôler ses souvenirs qui éclosent et disparaissent si rapidement, ne laissant qu'un arrière goût d'amertume et de tristesse. Les pensées finissent par s'accumuler, incapables de s'échapper de votre bouche, résonnant dans le vide du coma. Un écho sans fin qui susurre des douceurs qu'on ne peut toucher. Moë est seule avec elle même, en confrontation avec son passé qui revis sans cesse les mêmes erreurs et les mêmes interrogations. Réduite à l'état de néant, de légume, elle essaye de se réveiller. Mais rien ne se passe.
Alors la russe prie, parce que c'est généralement ce qu'on fait dans ce genre de situation. Elle prie Dieu, le supplie de lui permettre de voir la lumière. Mais aucune réponse ne vient, aucune porte de sortie. Le sas est bloqué, encore une fois. Le code qu'elle tape ne fonctionne pas. La fumée l'enveloppe et la camera divine l'observe, se moquant de sa détresse. Quand chaque seconde devient une éternité, quand la jeune femme arrive au stade où elle se maudit d'avoir sauvé un enfant, qu'elle s'insulte de sa faiblesse, qu'elle pleure de sa bonne action et qu'elle la regrette, Moë en arrive à se tourner vers "l'autre". Moë se voit prier le diable, Satan... tout et n'importe quoi pour l'aider. Toutes ces figures païennes et démoniaques. Elle le jure, le hurle dans son silence qu'elle tuera cette vie sauve si on l'aide. Elle fait des pactes à tout va... dans le vide de son esprit. Et nul ne viendra lui répondre.
Le chemin de croix commence alors. Si les grands ne veulent pas d'elle, la blonde devra se débrouiller seule. C'est la révélation qui finit par s'insinuer en elle, comme le serpent vient charmer Ève. S'en sortir par son unique volonté... elle le promet à son corps, la seule chose qui ne lui a jamais fait défaut : s'il fait ce dernier effort, plus jamais elle ne lui demandera une faveur.
Juste sortir de la solitude... juste retrouver le monde réel. Ce n'est pas si difficile?
Et la russe ouvre les yeux et découvre la vérité. Le silence, les tuyaux dans son corps et dans sa gorge et ses jambes immobiles. Et le temps passe, faisant défiler les mauvaises nouvelles une à une, l'enfonçant dans sa médiocrité.
Devenir handicapée, perdre son emploi, son ouïe, sa vie de couple. Et puis tiens, pourquoi pas perdre ses amis qui refusent de vous voir dans un état lamentable aussi? Perdre tout ce qu'on pensait pouvoir avoir.. tout sans exception. Son futur et son présent qui ne vous appartiennent plus. Tout perdre et commencer à sombrer, la russe se noie dans un verre d'eau, clouée au lit, incapable de bouger et de pouvoir payer une opération qui pourrait lui rendre ses jambes.
La jeune femme meurt à petit feu, passe ses journées à fixer la goutte qui va tomber dans l’évier en face d'elle. Elle regarde les infirmières la nettoyer, les médecins calculer combien de temps son salaire va lui permettre de continuer à payer ses soins. Le chirurgien qui lui explique qu'elle n'a pas les moyens de payer son opération pour retrouver ses jambes. Fou comme le modèle de santé japonais est loin d'être parfait. Fou comme le fait de sauver une vie ne mérite pas une petite récompense. Tout n'est que folie en ce bas monde.
I sold my soul for the second time 'Cos the man, he don't pay me I begged my landlord for some more time He said "Son, the bills' waiting"
Même les infirmières semblent avoir du mal à rester en sa compagnie, à regarder ses yeux vides fixer silencieusement et sans un mot, d'un air malsain, leurs jambes valides. Avant elle pouvait marcher elle aussi. Elle observe sans ciller leurs lèvres rouges bouger, parler. Ça aussi, avant elle pouvait l'entendre. Est-ce que les infirmières la critiquent? Est ce qu'elles sont en train de l'insulter? La russe sombre dans cette douce et soyeuse paranoïa. Elle est sous calmant, sous antidépresseur, et un gentil monsieur vient la voir en lui expliquant par écrit qu'elle pourrait finir sa vie dans un petit asile tout mignon dans la campagne. Comme c'est charmant. Les japonais sont tellement pleins d'attention. Ils refusent de la soigner faute d'argent mais acceptent de l'enfermer gratuitement avec des tarés. C'est elle la gardienne de prison, elle qui a les clés. Jamais elle n'ira dans une cellule. Même son ancien amant refuse ses lettres, refuse de la voir ou juste de s'occuper des factures. Hey! Elle avait toujours fait sa part dans leur couple...elle avait avancé l'argent bien plus d'une fois alors que ces putains d'asiatiques sont si fiers de penser que c'est l'homme qui doit travailler.
My best friend called me the other night He said "Man - are you crazy" My girlfriend told me to get a life She said "Boy - are you lazy"
Moë devient raciste, ces mecs tronche de citron la dégoutent quand ils viennent la toucher pour changer ses pansements, pour vérifier que sa peau brulée va mieux. Elle hait tout cet hôpital, toute cette ville et cet opéra. Elle les hait tous, les insulte en hurlant mais sans savoir si sa voix porte. Est-ce que quelqu'un l'entend quand elle parle? Est-ce qu'elle arrive à parler? Vu les regards haineux qu'on lui porte chaque jour un peu plus.. oui... il y a des chances pour qu'on l'entende.
Et puis après la colère vient le calme. On l'entend, elle ne mourra pas en silence. Car la russe en est certaine, elle va mourir. Son corps qui se détruit et tombe en poussière ne la laissera pas tomber. Et cette pensée de bientôt quitter son enveloppe corporelle, si douloureuse et inutile, lui réchauffe le cœur et le corps... glacé par sa faiblesse. Elle tombe sans cesse malade, la fièvre la dévore, et au pire de ses nuits de maladie, quand Moë voit enfin sa délivrance, celle ci la recrache. Ce n'est qu'une question de temps, elle le sait, alors elle garde espoir de bientôt mourir et reste calme et détendue.
I don't mind As long as there's a bed beneath the stars that shine I'll be fine If you give me a minute, a man's got a limit I can't get a life if my heart's not in it I lost my faith in the summer time 'Cos it don't stop raining The sky all day is as black as night But I'm not complaining
Moë en oublie ses anciens démons, ses pactes avec le diable qu'elle a cru inutile, à tort. Le diable entend toujours tout vous savez? Il veille sur chacune de vos âmes et il se fait un malin plaisir de vous les voler quand vous vous y attendez le moins. Quand les enfants s'endorment et quand la nuit tombe, si l'on tend l'oreille, on peut entendre ses sabots. Mais la russe est sourde, elle ne peut l'entendre et se préparer, juste regarder son visage quand il franchit le pas de la porte de sa chambre. C'était une fin d’après midi des plus morbides, sans qu'aucune visite ne viennent l'illuminer. Son repas repose encore dans son plateau, intacte. Une odeur de pluie et d'orage se profile, et quelques gouttes commencent à frapper nonchalamment sur le carreau de la vitre. Le ciel se marbre de gris et de noir... la lumière devient blanche, se préparant à accueillir l’arrivée triomphale du mal. C'est sous la forme de son chérubin favori qu'il vient franchir la bulle de silence de cette pauvre âme en peine et qu'il lui propose sa place en enfer, dans la douceur de miel et la froideur d'une soirée d'automne.
L'enfant qui rentre ne lui est pas inconnu et même dans l’obscurité qui s'installe, elle arrive à le reconnaitre. Comment oublier ce regard qui la fixe sans ciller? Ce visage? Elle reconnait même son odeur enfantine qui parfume la pièce, qui remplace celle de la part de tarte aux pommes froide et sans gouts. Peut être même, si elle ferme les yeux, pourrait elle le reconnaitre juste en touchant sa peau, juste en sentant cette chaleur parcourir ses doigts.
Le voleur de partition.
Il est là, devant elle, et son regard est à la fois perplexe et terrifié, voyageant continuellement sur les traits épuisées et amaigries de sa sauveuse. Essayant de retrouver ce qu'il avait connu d'elle: une lueur déterminée au fond de son regard? Un sourire rassurant? Mais par où commencer cette recherche. Ou trouver ,sous toute cette fatigue et toute cette détresse, une seule ombre capable de lui évoquer l'ancienne Moë? Cette femme qu'il n'avait connu que durant quelques minutes, mais qui avait marqué sa vie à jamais?
La russe en fait de même, détaillant tous les détails qu'elle peut voir, restant immobile et pétrifiée devant cette visite. Lui, il est toujours pareil... pas une égratignure sur ce visage d'enfant modèle. Il est parfait et la russe rêve de se lever et de le frapper, de le secouer dans tous les sens pour qu'il lui rende ce qu'elle a perdu par SA faute. Elle voudrai crier, mais ce sont des larmes qui coule sur ses joues amaigries. Elle voudrai le faire partir, mais ne peut que rester sans bouger, paralysée dans tout son corps... Et dehors, le ciel se tord et gronde... faisant jaillir de son sein une pluie glaciale de fines gouttes d'eau qui fouette la peau et le visage. Qui piquent et qui brulent, comme la pluie de verre que ses deux âmes avaient affrontés ensemble, il y a de ça bien des mois. La lumière se fait ténèbres, et le diable rentre en scène.
Il se dégage alors de la scène une nouvelle silhouette, qui se rapproche d'elle et lui tend un simple ensemble de plusieurs feuilles d'imprimante. Une main gantée de noire, qui succède à un bras habillé de noir... à un corps en noir et blanc. Une autre nounou, qu'elle reconnait aussi, un des asiatiques de la salle de contrôle, un autre protagoniste de l'apocalypse. Et la main dépose avec douceur sur la table de chevet vide et sans identité le tas de papier, puis, sort avec une extrême douceur un mouchoir de tissue blanc pour venir essuyer, avec toute la tendresse d'une mère pour son enfant, les larmes moites sur le visage pale de Moë.
L’incompréhension fait vite place à la curiosité... le dossier l'intrigue, tout comme l'étrange discussion entre les deux visiteurs, non pas à base de mot mais à base de signe, de mouvement de mains. Un ballet entre les deux, où les regards se dirigent parfois vers la pauvre jeune femme qui, décidément, ne comprend strictement rien et reste alors amorphe, comme à son habitude. Elle est hésitante et se demande si tout ceci est bien réel ou encore le fruit d'un énième rêves qui vient la torturer. Mais le pacte est bien réel, le papier sous ses mains qu'elle parcours d'abord en diagonal, puis avec plus d'attention et d'incertitude, l'est tout autant. Chaque mot, chaque espace, chaque pixel de noir et blanc l'est. Tout comme le départ des deux visiteurs et la longue pause de réflexion qu'elle s'oblige à faire, suffisamment longue pour que l'orage éclate au plus fort de la nuit et pour qu'il disparaisse, laissant derrière un air plus pure et une aube nouvelle. Une journée qui préfère ignorer que la pureté du matin va de paire avec la noirceur qui vient envahir l’âme de la russe.
Le soleil s'est levé, Satan a pris son du. Le rideau se baisse.
Sa signature est tremblante aux premières heures du jour, elle vient conclure sa fin, et commencer sa nouvelle naissance, son passage du coté blanc au noir. L'accouchement a était étrangement simple.
Moë aimerai avoir des remords en voyant son pacte avec tout ce qu'elle détestait, mais elle ne ressent que de l'impatience, fixant les bosses que forme ses jambes sous les couvertures avec un sourire fou. Puis elle éclate soudainement de rire, d'abord ricanement puis hurlement de joie, au point d'en réveiller les patients qui partage son service. Elle rit comme elle ne l'avais jamais fait, sans limites, au point de étouffer. Pourquoi s'en empêcher alors qu'elle ne peut ni entendre ce son si disgracieux de sa voix enrouée ni les remontrances? La russe laisse toute cette joie s'échapper et s’effondre sur son oreiller, inspirant pleinement avec bonheur l'air qui lui parait maintenant tellement plus frais et agrèable, ses longs cheveux blonds retombant tout autour de son visage comme l’auréole qu'elle a perdu.
Finalement, pense t elle, elle doit vraiment être sacrement chanceuse. Sauver cet enfant, c'était sauver l'enfant du démon. La sang qui coule dans ce bambin, c'est celui du plus puissant chef de famille mafieux de la ville, quelle surprise, lui qui a des yeux si innocents. Les camera silencieuses, qui ont fixé toute l'horreur de l'attentat, on aussi pu révéler son "héroïsme" et la récompenser de son acte.
Son cerveau rouillé se met à retourner, à repenser... la journée sera incroyablement courte, surchargée d’événements, le temps voulant se rattraper de tant d’inactivité. A croire que le vide de sa vie ces derniers mois se rattrape en quelques heures: Changer d’hôpital, en profiter pour cracher sur cette salope d’infirmière qui oublie trop souvent de lui changer ses draps. Se retrouver en ambulance privée et voir enfin par la fenêtre la ville, les embouteillages et les gens qui bougent partout, se déplacent, grouille comme des insectes dans les rues. Se retrouver en clinique privée, rencontrer le chirurgien l’anesthésiste. Fermer les yeux, les ouvrir... et sentir enfin.. quelque chose... si bas... à ses orteils.
Une chose contre une autre.
Si Moë retrouve ses jambes, elle doit donner quelque chose en échange: sa liberté de pouvoir marcher. Le contrat est clair, la russe est valide mais doit rester en fauteuil roulant pour conserver son alibi. Personne ne doit la soupçonner, personne ne doit savoir que son état de santé lui permet de contrôler les trafics entre mafia russe et yakuza japonais. Rester un déchet aux yeux des autres, une pale copie d'un être humain et l'assumer.
La russe apprend le langage des signes et à lire sur les lèvres, à mesurer sa voix et à parler, mais la contrepartie est tout aussi lourde. Elle peut communiquer, mais doit être enchainée à sa nouvelle famille, comme un fidèle chien de garde. Travailler pour eux et ne jamais rien divulguer. Être une ombre silencieuse et muette, ne pas juger, ne pas penser, juste agir selon les ordres. Un grand œil qui voit tout, note tout mais ne révélera rien sous la menace et la torture.
Elle de l'argent, un métier et un haut rang: traductrice et interprète dans l'ambassade russe, professeur particulier en langue des signes. Elle a un statut que tellement de personne lui envie, un compte en banque qui la protégera de n'importe quel mauvais sort. Mais la clé est la solitude. Rester seule dans son trône de métal au milieu de la foule si riche et bien élevée, fixer les gens avec dédains et renier leur rang... car nul ne doit connaitre son lien avec les Yamamotos, elle ne doit jamais les voir ni les fréquenter. Son entourage va se résumer à ses chiens de garde, à ses armes qu'elle manipule durant des heures, jusqu'à les connaitre par cœur et à son reflet narquois.
Car si elle est en vie, et doit ôter celle des autres. A coup de couteau ou balles d'argent. C'est la dernière close. Moë est une Yakuza et doit agir comme telle. Ne jamais flancher et distribuer la mort, comme d'autre distribue le savoir et les sermons. Elle a choisi son camps, elle doit en payer les conséquences en restant fière et inflexible. Elle vit dans le noir, maudit le blanc, et vomi le gris. Moë est la lèpre qui dévore cette ville, un cancer caché, qui compte la devorer pour se maintenir en vie.
I'm go back to black
Youp! Message pour dire bonjour, dire que je réserve ce message pour la story et préciser que je suis naze en graph (en orthographe aussi) donc la fiche sera bien moins jolie que les autres et demandera un peu plus de travail de relecture :)
Amicalement ♥
Dernière édition par Moë Houdachn le Ven 21 Oct - 16:56, édité 4 fois
Moë | History Of Violence
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