INDISCRÉTIONS

Si elle avait une gomme magique, Eden aurait effacé son passé sans une once d'hésitation. Née dans les draps sales d'une maison de passe et de père lâche et inconnu, la petite fille n'a pas suivi le destin de geïsha ratée de sa mère. N'adhérant pas au mode de vie fait de contraintes des geïshas, Eden renia son héritage sitôt qu'elle le put. Avec la mort précoce de sa génitrice alors qu'elle n'avait pas eu le temps de s'y attacher, la jeune fille fut priée de mettre les voiles à force de maltraitances cruelles, et finit par être jetée dehors en pleine nuit, sans rien d'autre que le yukata miteux qu'elle portait. Lâchée dans la rue, elle se débrouilla comme elle put, à vivre au jour le jour de larcins et de mendicité dans les bas-fonds de la ville.
Elle trouva sa première vocation dans les cyber-cafés où elle se faufilait, au départ pour échapper aux froides journées d'hiver, où elle apprit le hacking toute seule, à un âge encore peu avancé. En enchaînant les combines, Eden comprit vite comment elle pouvait se faire de l'argent facile, et n'hésita pas vraiment. Plusieurs années passèrent avant qu'elle n'amasse une grosse somme, et si tôt ceci fait, elle acheta un petit studio, dont elle ne partit jamais, et qui devint son "repère". Mais plus par lassitude des représailles que par morale, Eden finit par prendre un petit boulot légal, et en même temps, pût boucler les petites études modestes qu'elle s'était forcée à terminer.
Jamais entourée, pas d'amis et des connaissances qui se comptaient sur les doigts d'une main, Eden vécut en véritable recluse, méfiante envers tous. Parfois contrainte de fuir quelques jours son "territoire" pour échapper aux anciennes victimes de ses larcins informatiques avides de vengeance, elle dormit souvent sur le trottoir, et connaît par coeur les quartiers miteux de sa ville. Habituée à vagabonder par tous les temps, elle découvrit les toits en même temps que les rues, et développa un physique capable d'escalader des parois raides comme de sauter des obstacles pour échapper à ses poursuivants, bref Eden développa seule des capacités d'acrobate à l'état brut, qu'elle perfectionna au fil du temps passant.
Lorsque ses "problèmes" devinrent plus gênants, elle apprit, encore une fois en auto-didacte, à se battre en utilisant ses capacités au mieux: sa vitesse et sa souplesse lui apprirent à développer un corps-à-corps potable proche des arts martiaux et de la boxe thaï. Mais cet apprentissage ne fut pas un miracle qui survint du jour au lendemain. Elle essuya de nombreux coups et déchaînements de violence avant de pouvoir répondre, acculée contre un mur par des adultes plus grands et plus forts qu'elle. En témoignant la cicatrice sous son oeil gauche et une autre sur son ventre. Même aujourd'hui, à choisir, elle préférerait fuir, bondir loin d'immeuble en immeuble comme un chat errant, que de se battre.
Eden n'aspire pas forcément à une petite vie tranquille, mais à quelque chose de plus que le froid des pavés et les courses-poursuites dans la rue. De la sécurité et de la confiance, peut-être