Un échappatoire d'un genre particulier [PV Alo-chan, Kenji-sama et Eden-chan]

Dans l'ensemble, c'était une très mauvaise journée, qui empirait. Eden n'avait rien mangé depuis... plusieurs heures, huit au moins. Le petit boulot minable et sous-payé qu'elle s'était trouvé, elle l'avait perdu deux jours plutôt. En temps normal, n'importe qui lui aurait dit qu'elle n'avait qu'à pas être violente avec son supérieur. Sauf que la jeune femme n'avait pas apprécié qu'il la touche avec des manières perverses sans équivoque, et qu'il lui fasse du chantage pour qu'elle se laisse faire. Finalement, le léger malentendu avait été réglé avec un coup de talon là où ça faisait mal, et un licenciement sans appel.
Elle était alors rentrée chez elle, avait retrouvé son appart encore une fois complètement dévasté. La porte défoncée maintes fois avait été saturée de menaces et d'injures, le carreau de l'unique fenêtre brisé en morceaux, et ses affaires dispersées jusque dans la rue. Les clochards du quartier s'étaient fait un plaisir de la débarasser du reste en son absence. Eden était donc repartie, cette fois démunie pour de bon. Ses seules possessions se résumaient à quelques pièces de monnaie, un canif et un petit paquet de bonbons dans sa poche, qu'elle avait vite vidé.

Ainsi donc, elle avait erré toute la nuit dans la ville sans vraiment regarder où elle allait. En des temps plus joyeux, elle aurait allègrement courru sur les toits, mais cette nuit-là, la dure réalité la clouait à l'asphalte sous ses talons. Il pleuvait, en plus, et bien. Sous sa capuche, elle luttait contre le sommeil, pourtant si attirant. Mais elle ne voulait pas dormir à nouveau dans la rue, et surtout, elle tenait à rester en alerte, tant qu'elle ne serait pas en sécurité. Car les types à qui elle avait piqué de l'argent la cherchaient encore, en espérant bêtement récupérer leur dû d'une façon ou d'une autre. Sauf que la jeune femme n'en avait plus un yen. Ce qui n'avait pas servi à payer son loyer, elle avait du le dépenser en frais médicaux suite à des règlements de compte qui n'avaient pas tourné à son avantage. A l'heure actuelle, elle n'avait même plus de quoi se payer à manger.

Tiraillée par la faim, qu'elle haïssait plus que tout, elle arriva jusqu'à Sugamo, dans ses quartiers malfamés, où des types qui ne respiraient pas franchement l'honnêteté reluquèrent ses hanches et le reste de sa personne. Mais Eden avait l'habitude de voir des types la mater. Elle avait même déjà pensé à se vendre pour payer ses dettes, mais la fin pathétique de sa mère avait suffit à la tenir éloignée du mauvais côté de la barrière. Non pas que le hacking soit plus honnête, mais à choisir elle réservait son corps à des usages intimes.
Bref, elle pataugeait dans la somnolence avec l'estomac noué lorsqu'une main la saisit violemment par la nuque. Aussitôt, elle réagit en lançant un coup de coude en arrière. Son adversaire fut suffisament surpris pour relâcher sa prise. Eden se mit immédiatement à courrir, consciente que ce type n'était sûrement pas seul.

-Attrapez cette garce!

Elle avait donc raison. Filant comme une flèche, elle échappait de justesse aux types qui tentaient de l'attraper dans les rues qu'elle emprunter, lui donnant l'horrible impression qu'ils étaient des centaines. En tous cas, les rues n'étaient pas sûres, et loin d'Akihabara, elle ne maitrisait rien de la géographie des lieux. Son seul espoir, c'était de rentrer dans un batîment et de se cacher dans la foule.
Le premier à sa portée fut une salle de Pachinko, dans laquelle elle s'engouffra presque en courant, et fila le plus loin possible de l'entrée, déjà investie par ses poursuivants. Ceux-ci se comportaient comme des brutes, vandalisant ce qui passait à leur portée pour l'intimider. Ce qui ne marchait pas vraiment.

Soudain, un violent coup au flanc la fit valser contre un mur, au pied duquel elle retomba lourdement. La douleur était supportable, elle avait déjà connu pire. Mais pourquoi donc ces malades se baladaient-ils avec des battes de base-ball?? Elle grimaça et se releva, puis recommença à courir pour échapper au type qui l'avait débusquée. Et ses copains se rapprochaient en faisant un bordel monstre.
Dans un éclair de lucidité, Eden repéra une porte, et fonça vers elle. Un hurlement de rage mal contenue lui échappa en constatant que la poignée ne s'ouvrait pas. Fermée à clé.

-Elle est coincée!

Eden fit volte-face, acculée contre cette foutue porte. Le type, franchement moche comme s'il avait couru après un bus arrêté, la regardait avec une espèce de rictus mauvais qui avait dû être une tentative ratée de sourire.

-Alors ma jolie, fini de courir hein? T'as une grosse dette à payer, tu te rappeles? C'est pas joli joli le hacking pour voler les types bien comme moi!

Eden allait lui lancer une réplique cinglante lorsque la porte derrière elle s'ouvrit brutalement. La jeune femme bascula en arrière, perdant son équilibre du même coup.

Entre ses doigts, une grande feuille chaudement sortie de l'imprimante. Encore tiède, l'encre légèrement sèche. Il ne fallut pas longtemps pour que le noir du papier ne s'assèche. Le temps qu'il faut pour lire en survolant les deux premières lignes. Et le temps de poser son coude sur le bureau auquel il était assis, afin de maintenir sa tête sur la paume de sa main encore libre. Il posa la feuille sur le bord de son bureau, au-dessus de la pile qui en contenait déjà une vingtaine. Avant de reposer ses lunettes sur le comptoir. Il décolla sa main qu'il avait collée au bas de son visage, pour les faire joindre en croisant ses doigts. Pour finalement regarder la jeune fille qu'il avait devant lui.

C'était donc aujourd'hui. Le jour où il devait payer les Yamamoto pour cette « alliance » faite quelques années plus tôt par son grand-père. Sans faire plus attendre, la femme qui était venue. Et sous un silence couvert par le son du tic-tac de l'horloge accrochée au mur, il se leva pour atteindre son coffre se trouvant à quelques pas de son bureau. Il composa la combinaison et ouvrit la porte de fer qui cachait trois rangées de liasses de billets. A l'aide de ses deux mains, il en sortie un certain nombre sans vraiment les compter. A l'oeil nu, il pouvait à peu prêt deviner la somme qu'il avait prise. Les mains trop chargées pour refermer le coffre, il laissa l'un de ses deux gorilles présents dans la pièce pour rabattre la portière. Et se diriger finalement à son bureau où il posa ce qu'il avait en main, bien en évidence devant la belle à roulette. En affichant pour terminer un sourire au coin, presque arrogant, sans l'être pour autant. Comme s'il signifiait, « J'ai fait mon job, tu ne peux rien me dire. ». Mettant, comme pour terminer le tableau de son arrogance, la main dans ses cheveux ondulés, pour les caresser et les faire voler. Et d'un air calme et à la voix légèrement grave, mais gracieuse.

« C’est le pourcentage que je vous dois. Le compte y est, avec un petit supplément à cause du retard du mois dernier. Si ça vous satisfait, cela me satisfait aussi. En espèrent continuer de travailler ensemble. » Vous souhaitez peut-être que je vous raccom… »

Avant qu'il ne puisse terminer ce qu'il avait à dire, il fut interrompu par la porte qui s'ouvrit. Et qui laissa entrer l'un des membres de son organisation. Il reconnaissait bien là le fossoyeur qu'il avait engagé quelques jours plus tôt. Il semblait avoir terminé le travail qu'on lui avait confié. Il était sans doute présent pour annoncer quelque chose. En espérant qu'il tombe sur une bonne nouvelle. Kenji s'était assis sur le bord de son bureau et d'un geste de la main avait indiqué à Aloysius de se mettre sur le côté. Quand il voulut reprendre sa phrase, afin de s'adresser à la blonde platine, un vacarme d'enfer avait lieu dans le pachinko se trouvant non loin de son bureau. Et aujourd'hui, il était censé être fermé. La seule raison de son ouverture était le fait qu'il avait accueil l'handicapée du clan Yamamoto à l'intérieur. Il avait sans doute oublié de baisser le volet de ferraille. Personne pour vérifier, personne pour défendre les lieux. La chose qui vint à l'esprit de Ken, s'était qu'une bande rivale se soit procuré les lieux en voulant se venger. Mais sur qui ça pouvait-être, il en avait aucune idée. Et sérieusement, quel genre d'imbécile s'attaquerai à un repaire de Yakuza si ce n'est pas du suicide.

D'un bon, il se dirigea en direction de la porte qui donnait sur le pachinko. Il posa ses mains sur la poignée argentée et la pressa pour la tirer vers lui et l'ouvrir. Après son geste, une jeune fille tomba comme une fleur dans ses bras. Sans faire attention à ce qu'il y avait devant lui. Il la regarda dans les yeux, et la lâcha pour la laisser tomber la seconde d'après. Pour finalement relever la tête et faire face aux brutes qui avaient saccagés son magnifique palais de jeu. Dans un premier temps dégoûté, pour rapidement laisser place à la colère. Les sourcils froncés et le regard sombre dessiné sur son visage. Kenji passa la main, derrière son dos et en sortie un colt qu'il pointa contre les individus.

« Bande de bâtards. Vous avez cru venir chez moi et faire les singes. Vous êtes juste des merdes habillées, secouant quelques bâtons. Si vous ne retournez pas dans votre état naturel, je vous rebouche le trou du cul ou je vous en fais un second, au choix. »